Quels sont les fondements de l’économie circulaire ? Comment fonctionne-t-elle réellement ? Quels sont ses impacts sur l’environnement et la société ? Quel rôle l’État peut-il jouer dans sa promotion et sa régulation ?
Ces questions sont au cœur des réflexions menées par Farah Doumit, doctorante au Centre de recherche en gestion à l’École polytechnique, qui nous propose une analyse approfondie de ce concept, dans son article “5 idées pour démystifier l’économie circulaire” de la revue de l’Institut Polytechnique de Paris
1. L’économie circulaire est une notion recyclée
L’idée d’une économie basée sur la circularité des ressources n’est pas nouvelle. Elle trouve ses racines dans les travaux de l’économiste Kenneth Boulding dès 1966. L’économie circulaire est alors envisagée comme une réponse aux défis posés par l’épuisement des ressources et la dégradation de l’environnement. Des initiatives comme la loi chinoise promouvant l’économie circulaire témoignent également de son ancienneté.
Le concept de l’économie circulaire est ainsi étroitement lié à la prise de conscience des limites des ressources et des dangers de l’exploitation non durable de l’environnement, comme en témoignent les préoccupations environnementales croissantes depuis plusieurs décennies.
2. L’économie circulaire est aujourd’hui un discours bien marqué
La Fondation Ellen MacArthur et le cabinet McKinsey ont largement contribué à populariser l’économie circulaire en proposant une vision attractive et des solutions concrètes. Cependant, la diversité des définitions et des approches souligne la complexité du concept et les défis de sa mise en œuvre.
3. L’économie circulaire est une utopie physique impossible
Si l’économie circulaire offre des perspectives prometteuses, elle se heurte à des limites physiques et technologiques. La fatigue des matériaux, les contraintes thermodynamiques et l’effet de rebond remettent en question la possibilité d’une circularité parfaite.
Les contraintes techniques et matérielles limitent cependant encore le recyclage des matériaux tels que l’aluminium et les plastiques, compromettant ainsi la viabilité de certaines pratiques circulaires.
4. Les cycles d’économie circulaire ne sont pas toujours verts
Bien que l’économie circulaire soit souvent présentée comme une solution écologique, elle peut également entraîner des effets pervers, tels que l’effet de rebond, qui annule les bénéfices environnementaux escomptés.
Des études ont montré que certaines pratiques circulaires, comme la réutilisation des smartphones, peuvent entraîner une augmentation de la consommation et des émissions de gaz à effet de serre, contrecarrant ainsi leurs avantages initiaux.
5. L’économie circulaire est une question de collaboration créative
Pour réussir la transition vers une économie circulaire, il est essentiel de favoriser la coopération entre les entreprises, les gouvernements et les acteurs de la société civile. Cela nécessite la mise en place de partenariats innovants, de politiques incitatives et d’outils de mesure appropriés.
Des initiatives de collaboration entre entreprises, telles que le partage de ressources et la co-conception de produits, illustrent le potentiel de l’économie circulaire à encourager l’innovation et la durabilité.
Face aux défis environnementaux et économiques actuels, l’économie circulaire offre des perspectives intéressantes. Cependant, pour en exploiter pleinement le potentiel, il est crucial de reconnaître ses limites et d’adopter une approche collaborative et inclusive. En repensant nos modes de production et de consommation, et en favorisant une distribution équitable des ressources, nous pouvons construire un avenir plus durable et résilient.